ENVIRONS DE BOUGE

                    Les environs immédiats de Bougie abondent en sites pittoresques permettant des excursions agréables et faciles.

                                                                              Chemin des Oliviers

        Aux portes mêmes de la ville, la "Route des Oliviers" offre à travers des sous-bois épais, toujours verdoyants, une promenade très fréquentée par les mères de famille soucieuses de faire respirer à leurs enfants un air pur et vivifiant. Le touriste qui dispose de quelques heures prolongera la promenade du côté de la corniche du cap Bouak en descendant vers la plage et les bains de mer, ou en montant du côté du grand phare ou cap Carbon par la route militaire qui passe entre les cimetières catholique et israélite.

                                                                                                                Chemin des Oliviers

CAP BOUAK ET AIGUADES

                    En quittant son hôtel, le voyageur peut se faire conduire en voiture, soit par le chemin délicieusement ombragé des Oliviers, soit par le chemin en corniche qui franchit, en tunnel, le Fort Abdelkader et longe la mer jusqu'aux carrières de Sidi-Yahia en passant devant l'établissement des bains de mer et de l'usine à chaux.

                                                                                                                      Cap Bouak

                    Après être passé au pied du marabout de Sidi-Yahia, et devant les anciens établissements de la Direction du Port, il quitte sa voiture et s'engage sur le chemin de piétons taillé dans l'escarpement de la Falaise du cap Bouak ainsi nommé parce que, sous la domination des pirates barbaresques, une vedette placée en permanence sur le sommet du cap signalait les voiles, à l'horizon, par une sonnerie de trompette appelée "Bouk" (buccina).

                                                                               La Corniche     Cap Bouak

                    La vedette est aujourd'hui remplacée par un phare. Ce chemin, audacieusement établi à une hauteur de plus de 20 mètres au dessus des flots, contourne tout le cap, passe en tunnel à sa pointe extrême et conduit par une pente très douce et sans la moindre fatigue, jusqu'à la vallée des Aiguades, fermée au Nord-Ouest par le cap Noir, dont les bosquets, devenus aujourd'hui le centre de l'estivage bougiote, sont dominés par les sept pics qui s'échelonnent du Gouraya au cap Noir et de là au cap Carbon dont la roche percée, qui forme l'extrémité du cap, n'est autre que le "Treton ou Promontoire percée" des géographes de l'antiquité.

                                                                                                                 Les Aiguades

                    Ce chemin n'est praticable qu'aux seuls piétons, pour l'agrément desquels, le service des Ponts et chaussées a aménagé, à intervalles assez rapprochés, des bancs rustiques mais confortables qui leur permettent de jouir en se reposant, du panorama superbe qui se déroule sous leurs yeux, sur tout le golfe, les montagnes du Babor et la vallée de la Soummam. Il est l'amorce de la grande route du littoral qui, dans un avenir très rapproché, continuant celle de Djidjelli à Bougie (de Jijel à Béjaia) , reliera cette ville d'Alger par port, Geuydon et Dellys. Cette corniche merveilleuse permettra d'effectuer, de Djidjelli à Alger, un parcours de plus de 300 kilomètres sans quitter la vue de la mer.

                                                                                                                    Les Trois Caps

                    Un petit débarcadère permet un accostage facile, au pied de la source qui fournit une eau abondante et fraîche qu'une machine élévatoire peut, en cas de rupture de la conduite de Toudja, conduire aux Citernes de Bougie.

                    C'est à ce point que débarquèrent les marines espagnols, sous la conduite de Pedro Navarro, le 06 Janvier 1599.

                                                                            Le Belvédère des Roches Noires   Les Roches Noires

                    Le promeneur, s'il le désir, peut prendre, avant d'arriver au cap Noir, un sentier à pente douce, destiné à être prochainement transformé en route carrossable, qui le conduira en quelques minutes à travers les bosquets de la vallée des Aiguades, jusqu'à la route qui, du phare du cap Bouak, mène à Bougie, en passant au pied des ruines de l'ancien marabout de "Sidi-Aissa" et devant le "Sarcophage" qui rappelle le passage des Libyens dans cette vallée toujours délicieusement verdoyante.

 

                                                                                          La Grotte du Cap Noir      Le Cap Noir

LE CAP CARBON ET LE GRAND PHARE

                    Si en quittant la place de Gueydon on prend la rue des vieillards, on arrive, en quelques minutes, devant les casernes de Bridja, après être passé devant la mosquée de "Sidi-Sfian" et les "Cinq-Fontaines".

                    On franchit le mur d'enceinte et on passe devant le cimetière européen qu'on laisse à gauche, pour gravir une pente très raide, mais accessible aux voitures. Au sommet de cette pente duquel on jouit déjà d'une vue magnifique sur le golfe et les montagnes qui le bordent, la route s'élève doucement en épousant tous les contours du terrain. On passe sous le transbordeur aérien de l'usine à chaux de Sidi-Yahia et arrive au croisement de deux chemins. Abandonnant celui que l'on vient de suivre, qui se continue vers le petit phare et descend de là aux Aiguades et au cap Noir, on prend celui qui tourne brusquement à gauche. On passe devant une batterie armée de canons de puissant calibre et après avoir traversé un délicieux bois de pins maritimes, on arrive à la base des sept pics sourcilleux, parmi lesquels domine le Pic-des-Singes, repaire habituel des bandes de ces animaux qui peuplent ces parages, et enfin au tunnel percé dans la montagne qui forme le massif du Gouraya et du cap Noir. Toute cette partie de l'excursion peut se faire en voiture, à la condition d'être prudent. On traverse un tunnel de quelques mètres et l'on s'arrête surpris et émerveillé par le panorama qui se découvre brusquement, en débouchant sur le versant nord du Gouraya.

                                                                                                                  Le Pic des Singes

                    C'est le cap Carbon, gigantesque rocher de 220 mètres d'altitudes, relié au massif du Gouraya par un isthme étroit, qui émerge majestueusement les flots tandis que, à deux cents mètres au dessous du chemin, au pied de la falaise à pic, on découvre, au fond des flots azurés et transparents, les herbes et les roches sous-marines aux mille colorations.

                                                                                                                    Le Cap Carbon

                    Un sentier serpentant en lacets, permets de descendre sur l'isthme dont on suit la crête pour rencontrer au sommet du cap, où on visitera avec intérêt le phare de premier ordre et un poste électro-sémaphorique.

                    Un autre sentier, taillé dans le roc, permet de descendre jusqu'au pied du cap, où est établi un petit feu fixe destiné à guider les navires qui, par temps brume, pourraient passer sous les faisceaux lumineux du phare de Carbon, sans les apercevoir.

                    Bien que moins étendu que celui découvert du sommet du Gouraya, le panorama n'en n'est pas moins remarquable, car il permet d'embrasser d'un seul coup d'oeil, tout le massif de la gigantesque montagne qui abrite la port de Bougie, l'île Pisan et toute la côte jusqu'au cap Sigli.

                    Le retour s'effectuera agréablement par le délicieux chemin en corniche qui, partant de l'isthme de Carbon, longe la falaise jusqu'à la carrière de Sidi-Yahia, contournant les caps Noir et Bouak et dominant les coquets cottages, où les estivants bougiote vont, pendant les périodes caniculaires, se mettre à l'abri du redoutable, siroco. Trois heures suffisent pour faire cette promenade, sans la moindre fatigue, et permettre d'admirer tous les détails des panoramas si impressionnants qu'elle fait découvrir à chaque pas.

 Le Sémaphore / La Roche percée / Descente du Cap Carbon / Un sentier dans la vallée des Aiguades / Le Gouraya

LE GOURAYA

                    Énorme piton d'une altitude de 660 mètres, complètement détaché de tout le système orographique de la région, le Gouraya domine, au Nord, de la ville qui est toute entièrement bâtie sur ses flancs.

                    Quittant la place de Gueydon, on remonte la rue Trézel haute, on travers la place Clément-Martel et on gravit la rue Fatima, pour atteindre la place Philippe, remarquable par ses petites boutiques où les indigènes viennent se fournir des produits les plus hétéroclites.

                    Laissant à gauche la Mosquée et longeant l'école indigène, on débouche sur la plate-forme du fort Barral, où s'élevait autrefois le fameux Palais de l'Etoile construit par le sultan El-Mansour.

                    On s'engage alors sur le chemin qui longe à droite le mur d'enceinte de l'hôpital et on monte rapidement vers le quartier Sidi-Touati. Après être passé auprès d'anciennes citernes romaines, on franchît l'enceinte fortifiée et, s'élevant par des pentes assez raides mais accessibles aux voitures, on débouche sur le plateau des Ruines, vaste plate-forme rectangulaire à 550 mètres d'altitude, placée dans un retrait de la montagne.

                    Ce plateau, véritable petite oasis de verdure et de fraîcheur, constitue un coin de repos des plus attrayants, surtout pour les personnes qui, ayant ascensionné pédestrement, feront volontiers une halte réparatrice près de la source captée au milieu des sapins qui entourent la maison forestière. Sur ce plateau sont édifiés des bâtiments militaires, dépendances de l'atelier des travaux publics de Bougie.

                    Du plateau des Ruines et par une succession de lacets praticables seulement à pied ou à mulet on atteint, en une demi-heure, le sommet du mont couronné par un fort, aujourd'hui déclassé.

                    Dans l'intérieur de ce fort se trouve le tombeau de la marabouta Lalla Gouraya, très vénérée des indigènes et particulièrement des femmes, dont elle guérissait la stérilité.

                    Ce tombeau est, chaque année, l'objet d'un pèlerinage très suivi par la population indigène de Bougie et des environs.

                    Le panorama découvert du sommet est vraiment merveilleux. Détaché comme il est des montagnes voisines, le Gouraya permet à l'oeil d'embrasser tout l'horizon depuis le cap Bougarouni à l'Est jusqu'à Dellys à l'Ouest. Au Sud on voit se profiler tout l'ensemble de la chaîne des monts de Kabylie, au pied desquels en bas on découvre le port et la ville dont le mouvement donne l'impression d'une fourmilière, en pleine activité.

                    Vers le Nord-Ouest on aperçoit distinctement la petite île des Pisans autrefois île de Djeribia, le rocher solitaire où le sultan En-Nacer mourut dans la prière et le recueillement et plus loin le cap Sigli.

                    Au Nord les pentes du Gouraya qui paraissent descendre à pic vers la mer, surplombent les caps Carbon, Noir et Bouak qui forment la pointe occidentale du golfe.

                    Aux personnes qui ne craignent pas le vertige, bien qu'il n'y ait aucun danger à courir, on ne saurait trop conseiller le retour par le chemin des crêtes qui, menant jusqu'au sommet du Pic-des-Singes vient ensuite rejoindre la route de Bougie au cap Carbon.

                    Un guide est utile pour cette partie de l'excursion qui peut en entier être effectuée en moins de trois heures.

                    On peut également quitter le plateau des Ruines par un sentier rocailleux, mais très praticable, qui longe le flanc sud du Gouraya et rejoint au pied du village kabyle de Dar-Nacer, la route carrossable qui de Bougie conduit à Toudja par les crêtes. Ce chemin passe au pied de grottes, qu'un alpiniste un peu exercé peut aisément escalader et auxquelles se rattachent de vieilles légendes, qui ont été recueillies par un historien de Bougie, M. Émile Verdier, auteur d'une très intéressante monographie de la Kabylie que l'on pouvait se procurer dans toutes les librairies de la ville.

                    D'après une de ces légendes, Hercule avant d'aller à Gibraltar poser les bases des fameuses colonnes, auxquelles il a laissé son nom, aurait habité la grande grotte qui s'ouvre au-dessus du village Dar-Nacer et dont on n'a jamais pu atteindre le fond.

                    Il aurait tellement importuné les habitants de la région, forcés de subvenir à sa voracité, que ceux-ci lui préparèrent un plat de fèves et d'étoupe fort épicé qui faillit l'étouffer. Forcé de descendre à la rivière pour étancher sa soif, il en aurait remonté le cours, faisant sensiblement baisser son niveau dans sa course effrénée, et aurait disparu de la région.

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